L’histoire des Distributions France Lécuyer

La succursale mère des Distributions France Lécuyer à Montréal est sans contredit un endroit à faire rêver autant les jeunes filles que les plus grandes. Des présentoirs colorés aux produits de beauté étincelants, en passant par des salles de formation joliment décorées et un entrepôt aux mille-et-un secrets scintillants, on devine bien que cette entreprise est menée par une équipe de femmes de tous âges qui possèdent une passion commune: la beauté et l’esthétisme.

L’énergie positive que dégagent les membres de l’équipe de Distributions France Lécuyer est palpable à la minute que l’on entre dans la succursale. Désormais pionnière dans l’industrie de la pose d’ongles, France Lécuyer, joliment manucurée, nous reçoit dans une salle au décor enchanteur pour répondre à la question que plusieurs se posent : comment a commencé la grande histoire des Distributions France Lécuyer?

Une entrepreneure née

France Lécuyer nous confie que lorsqu’elle a commencé dans l’industrie, elle n’avait pas d’intérêt particulier pour les ongles, mais plutôt pour la couture. Toute jeune, elle était vêtue de magnifiques vêtements conçus par sa mère, qui était à la maison et s’adonnait à la haute couture. Son père, visionnaire et entrepreneur, lui a donné la bosse des affaires. « France aurait pu réussir dans n’importe quel domaine. Elle excelle dans tout ce qu’elle fait : la cuisine, la couture, la déco… » s’exclame sa directrice générale Chantal Auclair.

Mme Lécuyer possédait un commerce de détail dans le tissu depuis cinq ans lorsqu’un jour, attablée à un restaurant, elle fait la rencontre d’une représentante en pose d’ongles. Grandement intéressée par l’opportunité d’affaires, Mme Lécuyer décide peu de temps après de vendre son commerce de détail pour devenir représentante dans le domaine des ongles à temps plein. À cette époque, la pose de faux ongles n’était pas monnaie courante; seulement quelques femmes prospères portaient fièrement des prothèses d’ongles en acrylique ou simplement du vernis à ongles, habituellement de couleur rouge ou arborant une manucure française. « Il n’y avait que de l’acrylique dans le marché des faux ongles. C’était une poudre utilisée par les denturologues pour la fabrication de dentiers. Il y avait un peu de gel UV qui venait des États-Unis, mais ici c’était surtout de l’acrylique ».

C’est donc en 1985, quand la résine voit à peine le jour dans le domaine de l’esthétique, que France Lécuyer commence son travail de représentante, en visitant les salons de coiffure et d’esthétique à Montréal pour faire connaître et vendre les produits d’ongles de ses patrons. Rapidement, elle se fait connaître à Montréal, mais aussi sur la Rive-Sud, comme à Longueuil et Saint-Hubert. « Les gens pensaient que la résine n’était pas aussi solide que l’acrylique », commente-t-elle. Ayant toujours eu la bosse des affaires, Mme Lécuyer décide de créer sa propre compagnie de produits pour ongles en 1993.

Son entreprise a commencé dans le sous-sol de sa maison, avec l’aide de sa fille Marie-Ève et quelques-unes de ses amies. Sept jours par semaine, elle trouvait des fournisseurs, achetait du matériel, embouteillait ses produits et partait avec sa Caravan remplie de paniers de produits pour aller voir ses clients (encore aujourd’hui fidèle aux Distributions France Lécuyer!).

« Après ma semaine de travail, j’avais quelques heures le dimanche soir pour me reposer », dit-elle en riant.

France Lécuyer finit par se louer un petit local sur la rue Fleury, à Montréal, où elle engage deux de ses clientes pour faire de la pose d’ongles et donner des formations. Sans réceptionniste et toujours sur la route, Mme Lécuyer visite ses clientes la semaine, traîne un pagette pour prendre ses messages le soir et passe chercher des produits chez les fournisseurs la fin de semaine. Elle fait au-dessus de 9 000 km sur la route… par mois!

L’année suivante, elle s’installe sur la rue St-Denis, où elle a davantage d’espace pour ouvrir un vrai magasin, avec une employée pour accueillir les clients, des salles de cours, plusieurs professeures et une réceptionniste qui travaille seulement deux jours par semaine dans ses débuts. Rapidement, ses ventes prennent de l’ampleur et son nom se fait connaître.

Malgré son succès grandissant, il était difficile de trouver des fournisseurs américains pour certains produits. En effet, la plupart ne voulaient pas vendre à France Lécuyer, peu connue, avec un petit volume de commandes en comparaison aux distributions présentes aux États-Unis. C’est au fil du temps, alors qu’ils la voyaient revenir année après année dans les conférences et que le nom de France Lécuyer commençait à être connu, qu’ils ont fini par lui faire confiance.

C’est à cette époque que France Lécuyer inventa la fameuse technique de résine et poudre au pinceau. Encore aujourd’hui, la plupart de ses compétiteurs vendent des produits similaires, mais France et son équipe soutiennent de garder encore aujourd’hui la plus belle finition avec cette technique révolutionnaire.

En 1998, l’arrivée de Chantal Auclair, encore aujourd’hui membre de l’équipe, permet de donner un coup de main de taille à Mme Lécuyer, alors que sa compagnie poursuit son ascension. Marie-Ève, la fille de madame Lécuyer, s’est également jointe à l’équipe à temps plein, après avoir suivi de nombreuses formations dans le domaine de l’esthétique pour aider à la progression de l’entreprise. Mme Lécuyer continue tout de même à faire de la route, tout en s’occupant des paies, des fournisseurs et de la comptabilité avec l’aide de son mari. Énergique et possédant un caractère à toute épreuve, elle travaille tous les jours pour le bien de sa compagnie.

« Il faut travailler fort pour arriver à faire tout ça. C’est pas en travaillant vite qu’on y arrive… c’est en travaillant fort. Il n’y a pas d’ascenseur, il faut monter une marche à la fois » assure-t-elle avec sagesse.

L’arrivée du web

L’adaptation au web fut un défi de taille. Dans le souci de vendre des produits de qualité, France Lécuyer s’est vue déstabilisée par la venue des produits d’ongles à petits prix arrivés de Chine, qui donne une option moins onéreuse aux techniciennes et clients, mais qui présente des copies souvent de piètre qualité. « Je ne suis pas capable de vendre des produits que je n’aime pas. Je dois croire en ce que je vends. Si je n’y crois pas, je ne le vends pas » affirme-t-elle. C’est pourquoi ses produits ont toujours su respecter de hautes normes et sont reconnus pour leur qualité incomparable, malgré la présence de produits similaires moins onéreux sur le web.

La gamme de produits en Résine et Poudre France Lécuyer est conçue au Québec, mais plusieurs autres produits proviennent des États-Unis. De ce fait, la grande variation du taux de change américain des dernières années a présenté un obstacle de taille. En effet, plusieurs produits sont achetés chez des fournisseurs américains, ce qui représente de grosses dépenses lorsque le taux de change n’est pas à l’avantage du Canada. Néanmoins, France Lécuyer a toujours su se débrouiller pour assurer la qualité de ses produits, peu importe les embûches.

Distributions France Lécuyer aujourd’hui

Après tant d’années d’efforts redoublés, les Distributions France Lécuyer ont formé pas moins de 10 000 professionnelles de la beauté, comprennent quatre succursales, une boutique en ligne et plus de 40 employées — toutes des femmes! – sans parler que beaucoup d’entre elles font partie de l’équipe depuis plus d’une décennie. Elles soutiennent que chez Distributions France Lécuyer, elles sont comme une petite famille, une équipe qui est forte grâce au respect de toutes et chacun, et que Madame Lécuyer a à cœur ses employés. « J’ai réussi parce que je me suis bien entourée et j’ai su faire confiance à mes employées. Je ne peux pas tout faire! » lance-t-elle en riant. En 2008, dû à la récession américaine, les affaires furent plus difficiles, mais France Lécuyer préférait couper dans tout ce qu’elle pouvait plutôt que de couper dans les postes ou les salaires de ses employés. Elle est maintenant reconnue comme une des pionnières dans le monde des ongles, et ses compétiteurs le savent. « France est une femme de caractère. Tout le monde la respecte: elle est franche et n’a pas peur de personne. C’est comme ça qu’elle s’est fait une place dans le milieu » affirme Chantal Auclair.

Cette belle entreprise n’aurait également jamais existé sans la collaboration constante de Robert, le mari de France Lécuyer, auquel elle est mariée depuis maintenant 46 ans. Robert s’est occupé en grande partie de la comptabilité de l’entreprise, tout en portant plusieurs chapeaux selon l’occasion : chauffeur de camion, déménageur, livreur, aide pour les expositions ou pour l’installation du matériel des salles de formations, tout en ayant lui-même une carrière à poursuivre de son côté. Sans jamais cherché à l’influencer dans ses décisions, Robert a toujours été présent pour appuyer les rêves de sa femme.  

Depuis plusieurs années, de nouvelles formations dans le domaine de la beauté se sont ajoutées à l’éventail des cours qu’offre Distributions France Lécuyer : pédicure, manucure, épilation à la cire, maquillage, faux cils, lash lift (rehaussement de cils à la kératine) et décor sur ongles.

L’ampleur des Distributions France Lécuyer a tout de même surpris madame Lécuyer, qui ne s’attendait pas à se rendre au point où elle en est rendue présentement. Elle voulait simplement gagner sa vie. « Je devais quitter mon emploi et me trouver quelque chose d’autre. La vie continue » affirme-t-elle.

Aujourd’hui, France Lécuyer profite de plus en plus de sa semi-retraite et laisse la place à la relève. Toujours aussi passionnée, elle passe tout de même plusieurs heures par semaine à organiser les évènements, vérifier les nouveautés, le site, les spéciaux…. Et à veiller à la bonne santé de cette belle entreprise québécoise.

Cette année, les distributions France Lécuyer fêtent leur 25e anniversaire. Au fil des années cette pionnière, femme de grands défis et de leadership a su bâtir une entreprise, qui aujourd’hui est reconnue comme un de nos fleurons dans le monde de l’esthétique au Québec.

 

Auteure : Joannie Cossette